Les Congolais à la recherche d’un « Mohamed Bouazizi » ?

Article : Les Congolais à la recherche d’un « Mohamed Bouazizi » ?
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13 août 2016

Les Congolais à la recherche d’un « Mohamed Bouazizi » ?

La population congolaise dans la rue pendant les manifestations contre l'adoption d'une loi visant à modifier la constitution en janvier 2015 Photo depuis congovox.blogspot.com
La population congolaise dans la rue pendant les manifestations contre l’adoption d’une loi visant à modifier la constitution en janvier 2015
Photo depuis congovox.blogspot.com

Telle est la question qui tourne en boucle dans mes pensées depuis un bout de temps. On se souvient, sûrement tous, de Mohamad Bouazizi. Ce vendeur tunisien dont son suicide avait déclenché l’émeute ayant entraîné la chute du président  Ben Ali. Dans la tension politique tendue qui règne en RDC, il me semble de plus en plus plausible que certains Congolais sont, eux aussi, à la recherche d’une telle étincelle. Celle pouvant provoquer l’incendie qui asphyxiera le gouvernement congolais jusqu’à occasionner le départ imminent du président Joseph Kabila.

Avant tout, Il faut souligner que depuis qu’ils avaient réussi à barrer la route à une adoption de loi visant à modifier la constitution en janvier 2015, beaucoup de congolais, majoritairement des jeunes , se sont nourris de gout de la révolution et ont été persuadés qu’ils sont suffisamment forts pour empêcher n’importe quel acte allant à l’encontre de leurs attentes. Dès lors, ils se sont investis dans la mission de ‘chiens de gardes’ chargés de veiller sur  le respect de leurs droits et des lois qui dirigent le pays. Notamment en contraignant le président Kabila à quitter le pouvoir au terme de son dernier mandat qu’il achève dans quelques mois.

Mais suite à l’impasse du processus électoral censé conduire la République démocratique du Congo vers la toute première alternance pacifique de son histoire politique, ces jeunes congolais, soupçonnant le président sortant Joseph Kabila de manœuvrer en vue de prolonger son règne au de-là du délai constitutionnel, se montrent de plus en plus prêts à « faire échouer » le régime actuel, conformément à  l’article 64 de la présente constitution vu que l’espoir de la tenue des élections dans la date prévue se rétrécit jour après jour. Et Bien que nombreux parmi eux se fassent incarcérer, ces jeunes ne se laissent pas intimider, ils restent aux aguets ! Ils se frottent les mains et tentent de profiter de chaque évènement pour amorcer une mobilisation « à la tunisienne » susceptible de dissoudre l’actuel gouvernement congolais. Autrement, je pourrais dire qu’ils multiplient des « provocations » pour enclencher la révolution en vu de faire tomber le présent régime… oui ! Ils sont à la recherche d’un élément déclencheur, ça se voit… à la recherche d’un « Mohamed Bouazizi », si vous me permettez de le caricaturer ainsi !

Par conséquent, il ne se tient presque plus de rassemblements en RDC sans que cela  se transforme en une manifestation anti-gouvernement. Le plus récent d’ailleurs c’est lors de la mort, la semaine dernière, d’un « wewa » (chauffeur de taxi-moto) tué par un militaire dans la ville de Kinshasa après  une altercation. A en croire le communiqué officiel de la police, « l’incident n’avait aucun lien avec la situation politique du pays. Mais les jeunes hostiles au président Kabila en auraient profité pour maquiller la scène du crime. En y ajoutant par exemple des tracts des campagnes politiques de l’opposition congolaise afin de simuler un énième cas d’usage de force disproportionné par le pouvoir en place contre ‘les partisans du changement' ». Et l’incident avait bel et bien pris une tournure violente en dégénérant en un affrontement entre la police et les jeunes hostiles au président Kabila avant que le calme ne revienne quelques heures plus tard. Loin d’être un cas isolé, au moi de janvier 2016 lors des funérailles d’une star de gospel congolaise, qui avaient rassemblé des milliers de jeunes congolais, ces derniers n’avaient pas hésité à transformer la cérémonie en une mobilisation anti-Kabila. Ils scandaient des cris hostiles au Président de la République et la tentative s’était soldée par des échauffourées entre eux et les forces de l’ordre. Même scène lors de l’arrivée de l’équipe nationale de football à Kinshasa après son sacre au championnat d’Afrique des nations qui s’était joué en février dernier au Rwanda. La foule, généralement composée des jeunes, qui était allée accueillir en héros les footballeurs à l’aéroport international de la capitale congolaise, avait saisi la balle au bond pour entonner des chansons mettant en garde le président Kabila en l’hexortant à quitter le pouvoir au terme de son dernier mandat. Cela avait d’ailleurs poussé la police à escorter l’équipe nationale de football à vive allure vers un hôtel de la capitale pour éviter que la parade visant à célébrer le trophée se métamorphose en une manifestation contre le gouvernement.

Tels sont quelques évènements qui ont, jusque là, échappé de justesse à la tentative d’être transformés à une révolution visant à conduire le gouvernement congolais vers la porte de la sortie de façon imminente. Mais la tension politique demeure toujours tendue. Pendant que les gouvernants ne manifestent aucune volonté de conduire le pays vers l’alternance pacifique issue des élections démocratiques, ces jeunes congolais continuent à grincer des dents. Ils contrôlent tous les mouvements et ne dissimilent pas leur volonté de se révolter pour faire basculer le gouvernement au cas où celui-ci se sera maintenu par la force.

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