RDC : l’inquiétante implication de l’armée dans le processus électoral

Article : RDC : l’inquiétante implication de l’armée dans le processus électoral
Crédit:
5 novembre 2018

RDC : l’inquiétante implication de l’armée dans le processus électoral

Des militaires habillés en chasuble des agents électoraux avec des camions de l’armée devant le siège de la CENI à Kinshasa
Photo: Ley Uwera

Pour un processus électoral qui peine à convaincre, l’intervention de l’armée ne fait que renforcer les doutes quant à la crédibilité des élections. L’opinion s’interroge notamment sur l’indépendance de la Commission électorale (CENI) quand celle-ci implique les forces armées dans l’organisation des élections.

A lire également: RDC : cap vers une présidentielle « sur mesure »

Le matin du lundi 29 octobre, la ville de Kinshasa se réveille de bon air. Mais très vite, la population qui fréquente le boulevard du 30 juin, l’une de grandes artères de la capitale congolaise, remarque quelque chose d’inhabituel. Une centaine de camions militaires et des motos de la police s’alignent devant le siège national de la commission électorale nationale indépendante (CENI). Dans une période électorale tendue que traverse le RDC, une telle scène ne passe pas inaperçue. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur ce que peuvent bien faire ces engins de l’armée devant les locaux de la CENI. «C’est juste pour aider à appuyer l’opération de déploiement des matériels électoraux sur l’étendue du territoire national », dit Henri Mova, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, pour tenter de rassurer l’opinion.

L’inquiétude grandit dans la population

Bien que le gouvernement avance des justifications, l’inquiétude au sein de la population ne se dissipe pas. Et c’est avec raison. Dans la mesure où le processus électoral demeure au cœur d’un rapport de force entre la CENI et la population, le coup de main de l’armée dans l’organisation des élections est vu d’un mauvais œil. Ça rappelle la terrible date du 19 septembre 2016, quand le ciel s’était assombri à Kinshasa. L’une des villes où, la police, mal équipée, peinait à maîtriser des manifestants descendus dans la rue pour protester contre le report des élections. Dans cette situation, l’armée avait été le meilleur allié pour sauver la commission électorale et ses installations menacées d’être incendiées par la foule en colère. Appelés en renfort, les militaires avaient réussi à repousser les émeutiers avec des tirs à balle réelle… Bilan : une vingtaine de morts et quelques sièges de partis politiques incendiés.

Élections contestées avant le vote

Près de deux ans après ce drame, l’angoisse refait surface. La collaboration entre l’armée et la commission électorale suscite des interrogations. Les résultats de ces élections sont déjà contestés par une grande partie de la population avant même le vote. Au cœur de la controverse, le maintien de la machine à voter imposée par la commission électorale pour le prochain vote. Un outil contesté par la majorité de Congolais qui y voient un moyen, pour la CENI, de publier les résultats truqués en faveur du pouvoir en place. Personne ne sait encore ce qui va se passer. Mais le fait de voir l’implication de l’armée dans le processus électoral inquiète. Ajouter à cela, le soutien de plusieurs dignitaires de l’armée, notamment celui de l’ancien chef d’État major, Didier Etumba, au candidat président de la coalition au pouvoir. Tout cela rassure de moins en moins sur l’impartialité et la crédibilité des scrutins. Et nombreux sont ceux qui sont persuadés que les résultats de ces élections sortiront du bout du fusil au lieu des urnes.

Étiquettes
Partagez

Commentaires