Quand la dispute engendre une bonne amitié

7 mai 2016

Quand la dispute engendre une bonne amitié

Tom et Jerry
Tom et Jerry
@dogoilpress

Jamais je n’aurais cru que l’on pouvait devenir de bons amis.

 Vu notre première rencontre sur twitter qui était émaillée d’une extrême dispute, tisser, par la suite, des liens d’amitié avec Josèphe Lordure, l’homme à l’insulte facile, était quelque chose d’inimaginable. Pourtant c’est ce qui s’est passé. Etonnant mais vrai !

Très connu dans la twittosphère congolaise à cause de son caractère grossier et ses insultes à l’effet de l’alcool à 90° dans la plaie, Josèphe Lordure est un twitto à l’identité inconnue qui passe son temps, non seulement à décrier la classe gouvernante congolaise, mais aussi à offenser quiconque s’opposant à son point de vue. Il n’a jamais eu peur. Il parle de tout et insulte n’importe quel individu qu’il croise sur son fil d’actualité. Il n’oublie jamais d’assaisonner ses propos de quelques gros mots. Et quand il te balance une vanne, tu as l’impression d’avoir découvert le coté misérable de ta personnalité. Nombreux dans mon entourage ont, déjà, été victimes de ses coups de gueule. Et je ne pensais jamais pouvoir tomber, moi aussi, un jour dans son filet. Malheureusement c’est ce qui est arrivé. Voulez-vous savoir comment ? Alors suivez l’histoire !

 Habitué à recevoir les réactions de mes abonnés quand ils débattent sur une information que j’ai tweetée, ce jour là je reçois, plutôt, des messages haineux dans lesquels on me traite d’imposteur, de journaleux…

 Choqué par ces propos truffés d’outrages, je décide de vérifier le profil de l’expéditeur, question de savoir un peu plus sur cette personne qui m’agresse verbalement. Mais je ne vois aucune information hormis les noms du profil et son avatar à la tête de mort en colère. « Bah, ça doit surement être un spammeur », me suis-je dit intérieurement tout en continuant mon activité.

 Après quelques minutes, l’inconnu me renvoie encore d’autres messages plus virulents cette fois. « Tiens ! Ça sent la provoc, on dirait », lui écris-je avec un air décontracté. « Ouais, tu l’as bien compris, connard », me répond-t-il aussitôt.

 « Mais pourquoi ne pas directement cracher sur cet insolent et le remettre à sa place ? Après tout, j’ai aussi une gueule, pas vrai ? Non ! Pas si vite », me suis-je dit. Contrairement à lui, je suis journaliste, moi. L’article 5 du Code de déontologie et d’éthique du journaliste congolais défend d’insulter. Soucieux, donc, de me conformer à cette règle, je décide de lui parler, malgré tout, avec beaucoup de sympathies pour ne pas céder à ses provocations. Mais… hélas ! Il lui suffisait juste de me relancer encore deux bonnes insultes vulgaires pour, enfin, me mettre les nerfs en pelote. J’ai fini par éclater. « Ça y est ! » m’écrit-il. Ses offenses ont fait mouche. Et il est content d’avoir réussi à m’irriter. Nous nous sommes, alors, livrés dans une empoignade musclée.

 Oui ! Il était urgent que je réagisse au plus vite. Essuyer des injures et médisances d’une telle gravité ne méritait pas que je me taise. ‘Qui ne dit mot consent’ dit-on, n’est-ce pas ? Erreur ! Je ne devrais pas.

 En effet, ça ne valait pas la peine de s’aboyer avec @tresinsolent (pseudo twitter de ce fameux Joseph Lordure). Il me fallait juste deviner ce qu’il pensait de moi pour échapper à ses provocations.

 Etant hostile au présent gouvernement congolais, Lordure pensait à tort que j’étais l’un de ces journalistes qui transforment leurs plumes en outil de propagande pour soutenir le pouvoir en place. Visiblement, il ne faisait pas confiance aux acteurs de médias. J’ai, par conséquent, pris soin de l’aider à appréhender la différence entre journalisme et fanatisme. Bien que, parfois, les deux mots riment dans certains organes de presse congolais. Notamment dans la chaine nationale où les journalistes, au lieu d’informer le public de façon objective, font l’apologie du Président de la République.

 Certes, avoir une dispute avec une personne c’est l’une des dures épreuves de la vie. Mais nul ne pouvait croire que la mienne avec Josèphe Lordure aurait pu déboucher sur une bonne amitié. Oui ! C’est ce qui s’est passé. Quand il a été persuadé que je ne soutenais aucun mouvement politique, Josèphe est devenu mon ami. Et aujourd’hui, je suis l’une des rares personnes qu’il respecte. Je suis « sa vraie source d’information » comme il le dit. Et maintenant je peux le dire haut et fort que… parfois, le malheur fait bien les choses !

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