Que font les présidents africains de leur dernière année de mandat ?

Article : Que font les présidents africains de leur dernière année de mandat ?
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30 mai 2016

Que font les présidents africains de leur dernière année de mandat ?

caricature montée par Will Cleas Nlemvo
caricature montée par Will Cleas Nlemvo

Cette question m’est venue à l’esprit après la lecture d’un article sur le site de RFI. Dans cet article, que j’ai lu attentivement, le journaliste se posait la question de savoir ce que les présidents américains faisaient de leur dernière année de mandat. J’ai été émerveillé par le parcours des présidents américains quand ils approchent de la fin de leur dernier mandat, parcours que je qualifie de « parcours du combattant ». Je me suis vite senti dans l’obligation de tourner mon regard vers nos très chers chefs d’Etat africains en me posant la question suivante : pendant leur dernière année de quinquennat, les présidents africains sont-ils animés par le même état d’esprit que leurs homologues américains?

Vous serez surement nombreux à me répondre « Non » ! Et ce ne sera pas vraiment un tort vu les émeutes et les violences qui éclatent à presque chaque fin de mandat présidentiel en Afrique – ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis d’Amérique.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à récapituler le contenu de cet article de rfi.fr dans lequel le journaliste a précisé que chaque fin de mandat, pour les chefs d’Etat américains, est particulière.

Bien qu’ils deviennent politiquement impuissants pendant qu’ils abordent la dernière année de leur mandat, les présidents américains essaient tant bien que mal de rester sous les projecteurs avec un ultime objectif : quitter la Maison Blanche avec une majorité d’opinions favorables dans la poche. Ce qui explique les nombreux déplacements que Barack Obama effectue ces derniers temps partout dans le monde.

De l’Amérique latine à Asie sans oublier l’Europe, le premier président noir des États-Unis – dont le mandat s’achève dans huit mois- se lance en effet dans un marathon politique en visitant des lieux hautement symboliques, par exemple la ville d’Hiroshima au Japon où il s’est rendu le vendredi dernier. « Question de soigner ses symboles et de créer de fortes images qui vont l’ancrer encore un peu plus dans l’Histoire, au-delà de son bilan politique », commente un spécialiste cité dans l’article.

Quid des présidents africains ?

Pour un africain, comme moi, qui a vécu des crises pré-ou-post-électorales dans son pays, cette question ne mérite pas d’être posée. Nous savons tous que, contrairement à leurs homologues américains, les dirigeants africains travaillent intensément pendant la fin de leur présidence non pas à d’astiquer leur image afin de marquer l’Histoire mais plutôt à… rester éternellement au pouvoir.

Oui, s’accrocher au fauteuil présidentiel le plus longtemps possible est sans doute le rêve de nombreux chefs d’Etat en Afrique.

Comme en témoigne une enquête, les trois présidents en exercice dans le monde depuis plus d’une trentaine d’années sont tous africains. Ce qui me pousse à dire que, pendant qu’aux Etats-Unis un président sortant est obnubilé par l’envie de booster sa cote de popularité (à travers des actions significatives au moment où il s’apprête à  passer le flambeau à son successeur), en Afrique un président dans la dernière ligne droite de son mandat passe des nuits blanches à réfléchir sur les moyens auxquels il va recourir afin de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible, au-delà de la limite accordée par la constitution.

Et pour cela, peu importe si le pays va s’embraser. L’essentiel est qu’il prolonge son règne pour battre le record de Mobutu Sese Seko et de Robert Mugabe. Coup de chapeau à ces derniers, d’ailleurs !

Même si l’ex-président béninois, Thomas Boni Yayi, a joué le bon élève en étant l’un des rares présidents africains à avoir volontairement quitté le pouvoir au terme de son dernier mandat, ce bel exemple de démocratie qu’il a légué à ses pairs semble demeurer une page d’Histoire tournée. Le débat sur la clause limitative du nombre de mandats présidentiels continue en effet à faire la Une de l’actualité africaine. Mouais, comme d’habitude !

En République démocratique du Congo, pour ne citer qu’un exemple, la scène politique est en ébullition après l’arrêt de la cour constitutionnelle qui autorise Joseph Kabila (au pouvoir depuis 2001) à rester aux commandes de son pays au-delà de son second et dernier mandat qui s’achèvera en décembre 2016.

L’opposition politique, offusquée par cette décision, dénonce l’instrumentalisation des institutions par le pouvoir en place. Elle monte au créneau en bravant de sanglantes répressions pour barrer la route au prolongement du règne de Joseph Kabila au nom de l’article 70 de la Constitution en vigueur qui stipule que : « le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ».

La liste est si longue… s’il fallait parler de tous les chefs d’Etat africains qui optent [ou opteront probablement] pour la modification de la Constitution en vue de briguer de nouveaux mandats, on en finirait pas !

Oui, se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible reste le seul objectif que poursuivent de nombreux présidents africains pendant leur dernière année de mandat. Pour y arriver, ils manipulent la Constitution.

Et la révolution semble être le seul moyen efficace de se débarrasser d’eux !

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Commentaires

Mawulolo
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Triste réalité

Will Cleas
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Oui, c'est triste !

Benjamin Yobouet
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C'est vraiment, la différence est claire et nette !

Will Cleas
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Ouais ! y'a pas photo là dessus