19 décembre : les délires d’un gouvernement aux abois

Article : 19 décembre : les délires d’un gouvernement aux abois
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19 décembre 2016

19 décembre : les délires d’un gouvernement aux abois

La population congolaise dans la rue pendant les manifestations contre l’adoption d’une loi visant à modifier la constitution en janvier 2015
Photo depuis congovox.blogspot.com

Nous sommes à quelques heures du 19 décembre, la date fatidique pour la République démocratique du Congo. Marquant la fin constitutionnelle du règne du président Kabila, cette date fait froid dans le dos car le président sortant et son équipe se montrent visiblement prêts à affronter ceux qui se préparent à les chasser par la force au nom de l’article 64 de la loi fondamentale qui stipule :  «Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution »

Et tout comme un individu, en se noyant, peut s’accrocher même au serpent par instinct de survie, les gouvernants congolais également, n’étant pas prêts à céder le pouvoir  conformément aux règles établies par la Constitution, se livrent à divers moyens (voire les plus anormaux) pour survivre à cette date du 19 décembre qui s’annonce comme une tempête déterminée à l’emporter brutalement.

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Voici donc les mesures insolites prises par le gouvernement congolais pour contrer les manifestations prévues le lundi 19 décembre 2016 dans l’objectif de balayer le régime du président Joseph Kabila :

  • Coupure d’internet

Les fournisseurs de service d’accès à internet ont reçu l’ordre de la part des autorités congolaises de couper l’accès à internet à partir du dimanche 17 décembre 2016, moins de 48 heures avant la fin du mandat du président Joseph Kabila. Une mesure qui vise sûrement à empêcher la communication entre manifestants qui se mobilisent généralement à travers les réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook, etc.

  • Coupure des médias étrangers

Bien que le signal FM de la Radio-Télévision belge de la communauté française (RTBF) ait été rétabli, celui de Radio France Internationale (RFI) demeure coupée sur toute l’étendue de la RDC depuis plus de trois semaines déjà. Etant l’une des stations de radio la plus suivie notamment à Kinshasa en raison de ses informations sur des sujets brulants de la situation politique du pays dont beaucoup des radios nationales évitent d’aborder par peur de censure, ce media français a été mis « hors d’état de nuire » 🙂 par les autorités congolaises qui l’accusent de vouloir interférer dans une violation de l’ordre public en RDC.

  • Interdiction de crier « Yebela !»

« Yebela » est un argot en lingala, la langue nationale la plus parlée en RDC. C’est l’équivalent de « beat it » en anglais (souvenez-vous de la célèbre chanson de Michael Jackson) qui peut se traduire en français par « casse-toi » ou « tire-toi ». « Yebela » sert en fait à inciter quelqu’un en situation de danger à s’éloigner, à s’en aller pour éviter le pire. Le mot est devenu le slogan de l’Opposition hostile au pouvoir en place qui s’en sert pour inviter le président Kabila à s’en aller, à quitter le pouvoir  au terme de son dernier mandat qui touche à sa fin ce 19 décembre 2016. Du coup tout individu qui fait usage de ce terme est systématiquement placé dans le rang des « anti-kabila » et peut en subir des répercussions néfastes. Notamment à la télévision nationale, plusieurs fois le signal avait été brouillé pendant d’importantes rencontres de football retransmises en direct juste parce que certains supporters criaient à l’unisson « Yebela !». Le régime actuel y est allergique, comprenez ! 🙂

  • Interdiction des émissions politiques

La décision a été prise par le gouverneur du Kasaï oriental, l’une des provinces de la République démocratique du Congo. Si l’autorité urbaine justifie cette mesure par le souci de prévenir des messages d’incitation à la violence et aux troubles à l’ordre public en rapport avec la journée du 19 décembre 2016, les journalistes dénoncent une atteinte à la liberté d’informer et appellent le gouverneur à revoir sa décision.

  • Des militaires déployés dans toute la ville

On se croirait dans une période post-attentat quand on se promène ces derniers temps dans la ville de Kinshasa. Dans chaque point chaud de la Capitale, des militaires lourdement armées y ont été déployés  pour disperser n’importe quel attroupement. Des camions anti-émeute circulent dans de grandes artères de la ville prêts à réprimer n’importe quelle tentative de soulèvement. Une situation qui provoque des agitations dans plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa.

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