Will Cleas

Le gouvernement congolais en guerre contre… Internet !

Un ordinateur personnel
Un ordinateur personnel connecté à internet
Photo: pixabay.com

Comme le fait n’importe quel régime aux allures dictatoriales, celui de la République démocratique du Congo se montre lui aussi prêt à en finir avec tous ceux qui menacent sa survie. Et parmi les ennemis répertoriés dans sa liste noire, il y a… Internet ! Ça fait rire ? Oui, ce récit commence avec un air un peu satirique, bien sûr. Mais passons vite aux détails pour comprendre qu’au-delà de son apparence caricaturale, cet article raconte une triste réalité que connait la RDC. Un pays où l’internet est devenu « l’ennemi numéro un » pour le pouvoir en place.

Déjà dans un pays comme la RDC où la plupart des médias (voire la chaîne nationale) sont proches du pouvoir, sans oublier ceux qui se déclarent « neutres » mais qui s’abstiennent de diffuser certaines informations dites « sensibles » de peur qu’ils ne se fassent censurer, la population congolaise ne croit plus ce que racontent la radio et la télé. Le seul moyen pour elle de trouver des informations crédibles sur l’évolution du pays reste l’internet.

Rappelons que la République démocratique du Congo traverse une période de crise. Le blocage du processus électoral (censé déboucher sur l’alternance pacifique entre le président sortant Joseph Kabila et son éventuel successeur) attise la tension dans la classe politique. Certains accusent le régime en place de manœuvrer pour se maintenir à la tête du pays en violation de la constitution qui contraint Joseph Kabila de quitter le pouvoir au terme de son dernier mandat qu’il achève dans quelques mois.

Et dans un tel climat politique de plus en plus maussade, aucune chaîne de télévision ou de radio n’ose raconter les faits avec clarté. Ce qui pousse une grande partie des Congolais à chercher la « vraie information » sur Internet. Vu que c’est le seul lieu où fuitent ces « informations sensibles » et dont le pouvoir en place ne veut surtout pas laisser à la portée de tous.

Mais depuis un certain temps, les Congolais ont constaté une brusque flambée des prix de l’internet. Les opérateurs de télécommunications ont tous, à l’unanimité, haussé de façon vertigineuse les tarifs de l’abonnement Internet sans prévenir les consommateurs. Cela handicape la population congolaise dont une grande partie payait déjà péniblement l’abonnement Internet avant même que les prix ne flambent.

Le gouvernement à l’assaut de l’internet

Bien que le gouvernement se dise également surpris par cette envolée des prix de l’internet, cela ne convainc pas du tout la population. Cette dernière soupçonne le pouvoir d’être derrière cette inflation afin de restreindre l’accès des congolais à l’information dans cette période politique tendue. D’autant qu’au mois de janvier 2015 déjà, en marge des émeutes hostiles au président Kabila, le gouvernement n’avait pas hésité à prendre d’assaut l’internet, privant ainsi la population de 3G pendant plusieurs semaines. Alors cette brusque hausse des prix de l’internet n’aurait-elle pas pour but d’entraver encore l’accès des congolais à l’internet, le seul lieu où ils reçoivent des informations fiables ? En tout cas, c’est ce que semblent confirmer les incidents du samedi dernier.

Suite à cette explosion des prix de l’internet, les Congolais se sont rassemblés le soir du samedi 11 juin pour un sit-in appelé « Nuits debout » devant l’hôtel du gouvernement afin de revendiquer pacifiquement la baisse des prix de l’internet.

Mais étrange est le fait d’avoir vu le gouvernement congolais envoyer les éléments de la police pour disperser les manifestants. Avec des arrestations arbitraires qui y ont été effectuées (dont sont victimes certains journalistes qui couvraient la manifestation sur place), la théorie dénonçant cette tarification abusive de l’internet sur ordre des autorités congolaises pour réduire l’espace de la « libre information » se confirme pied à pied.

Il s’avère, en effet, de plus en plus vrai, que le gouvernement congolais s’est lancé dans une offensive contre l’internet qui semble menacer ses intérêts. Mais ce qui est sûr c’est qu’aucun gouvernement jusque là n’est sorti glorieux de la guerre contre le grand réseau. Ben Ali, Hosni Moubarak et tant d’autres qui ont tenté de prendre le contrôle de la toile à des fins politiques se sont vu balayer en un coup de pelle grâce aux réseaux sociaux. Alors quid du gouvernement congolais ? Réussira-t-il dans sa lutte qui vise à museler l’internet dans le but de protéger ses intérêts afin d’atteindre ses objectifs politiques? Que l’avenir nous en dise plus !


Il avait « piqué comme une abeille » en plein Kinshasa

George Foreman et Mohamed Ali
George Foreman reçoit un violent coup de Mohamed Ali lors de leur combat à Kinshasa.
© MaxPPP – 2014
Photo depuis franceinter.fr

Aujourd’hui le monde entier pleure l’ancien champion du monde de boxe, Mohamed Ali. Il est mort d’une insuffisance respiratoire vendredi dernier en Arizona. Dans le cadre des hommages et témoignages qui fusent de partout pour honorer la mémoire de cette icône de la boxe moderne disparue, votre voisin d’à côté laisse lui aussi couler l’encre de sa plume pour parler de ce « papillon » qui a survolé la ville de Kinshasa et a piqué comme une abeille devant les yeux du monde entier sous la lumière du stade du 20 mai.

« Je vole comme un papillon, je pique comme une abeille […] », martelait Mohamed Ali pendant qu’il se préparait à affronter George Foreman le 30 octobre 1974 dans la ville de Kinshasa.

Cette citation avait l’air d’un coup de bluff à priori. Mais croyez-moi si je vous dis que ce n’était pas un mythe !

Étant natif de la ville de Kinshasa, le lieu où ce « combat du siècle » s’était déroulé, je suis sans doute le mieux placé pour vous assurer que cette devise de Mohamed Ali était plus qu’un slogan. C’était réel ! Et Kinshasa est l’une des villes ayant eu la chance de la voir en action.

C’est vrai qu’à cette époque je n’étais pas encore né. La preuve en est que mon père n’avait encore que 15 ans quand Mohamed Ali avait « piqué comme une abeille » son adversaire George Foreman lors de cette rencontre historique.

C’est donc 29 ans après ce combat que j’avais alors, pour la première fois, entendu parler du nom de cette figure de la boxe mais sous sa forme erronée : « Ali Foreman », comme l’appellent nombreux congolais qui ne connaissent pas l’histoire de cet ancien boxeur à la langue d’un poète.

Oui ! Je me rappelle ce jour là. J’accompagnais ma mère au marché quand tout à coup nous nous sommes croisés avec un marionnettiste. Ce dernier faisait battre deux pantins en forme de boxeurs. Je n’avais alors que cinq ans mais le spectacle avait réussi à m’emballer.

D’un côté j’étais impressionné par la façon dont les deux marionnettes se donnaient des coups, de l’autre côté j’admirais l’enthousiasme du public qui criait à tout bout de champ « Ali Foreman ! ».

Obsédé par ces cris, après le marché, j’étais allé me jeter dans le juron de mon père en lui posant la question suivante : « Qui est Ali Foreman ?». Et voilà, donc c’est mon père qui était la première personne à me raconter l’histoire de ce « Rumble in the jungle » et ses protagonistes dont le fameux Mohamed Ali appelé à tort « Ali Foreman » par certains compatriotes jusqu’à aujourd’hui.

Mais me décrire ce combat avec de simples paroles ne suffisait pas. Donc il fallait que j’atteigne 15 ans pour finalement consulter les archives (images, écrits, etc.) afin de percevoir certains faits qui ont jalonné ce combat jusqu’à propulser Mohamed Ali dans la catégorie de légendaires personnages de l’histoire de la boxe moderne.

Et ce qui me fascinera pour toujours c’est son optimisme, sa détermination mais surtout… sa grande gueule qu’il n’arrêtait pas d’ouvrir pour rabâcher sa citation : « je vole comme un papillon, je pique comme une abeille ». Une expression qu’il a finie par mettre en action sous la lumière du stade du 20 mai dans la ville de Kinshasa.

Oui ! Il ne plaisantait pas. Il était sûr de lui et de ce qu’il disait. Tout comme il le martelait haut et fort, ce combat était une occasion pour lui de prouver à Kinshasa et au monde entier qu’il savait réellement voler comme un papillon et piquer comme une abeille.

Il l’avait fait. Il avait réussi à piquer son concurrent George Foreman comme une abeille. C’était la nuit du 30 octobre 1974 en plein cœur de Kinshasa, ma ville natale. Sous les projecteurs du stade du 20 mai avec les cris hostiles de la foule en délire qui scandait à l’unisson « Ali, Boma ye ! » (qui veut dire en français : « Ali, tue-le ! »).

Dopé par le soutien du public « zaïrois », Mohamed Ali avait alors transformé ses violents coups de poing en un énorme dard d’abeille pour percer et assommer son rival, le géant Foreman. C’était juste un beau spectacle. Quand j’en parle, j’en ai la chaire de poule. Et cette scène ne tarde pas à me traverser l’esprit…

Ca y est ! Ces images me reviennent comme si c’était hier. J’y vois encore George Foreman déjà épuisé et complètement au bout de ses derniers efforts. Il se laisse ensuite à la merci de Mohamed Ali qui lui enchaîne une rafale de coups en virevoltant comme un papillon. Puis… bingo ! George Foreman s’est écroulé dans le ring. C’est fini ! Le public est en liesse. Le tonnerre gronde dans le ciel et la pluie s’abat sur le stade du 20 mai, comme pour accueillir Ali le nouveau champion. Ho, que c’est beau à voir !

Mohamed a réussi à piquer son adversaire comme une abeille. Et il a offert au public un beau spectacle en pivotant dans le ring comme un papillon. Ainsi, une page d’histoire des plus grands combats de boxe s’est écrite.

Comme on dit « une légende ne meurt jamais », Mohamed Ali vivra toujours à travers ces images spectaculaires. Des images dans lesquelles il a montré comment il savait piquer comme une abeille. Et cela s’était passé à Kinshasa, l’une des rares villes africaines ayant réussi à promouvoir le continent noir en accueillant ce combat.


Que font les présidents africains de leur dernière année de mandat ?

caricature montée par Will Cleas Nlemvo
caricature montée par Will Cleas Nlemvo

Cette question m’est venue à l’esprit après la lecture d’un article sur le site de RFI. Dans cet article, que j’ai lu attentivement, le journaliste se posait la question de savoir ce que les présidents américains faisaient de leur dernière année de mandat. J’ai été émerveillé par le parcours des présidents américains quand ils approchent de la fin de leur dernier mandat, parcours que je qualifie de « parcours du combattant ». Je me suis vite senti dans l’obligation de tourner mon regard vers nos très chers chefs d’Etat africains en me posant la question suivante : pendant leur dernière année de quinquennat, les présidents africains sont-ils animés par le même état d’esprit que leurs homologues américains?

Vous serez surement nombreux à me répondre « Non » ! Et ce ne sera pas vraiment un tort vu les émeutes et les violences qui éclatent à presque chaque fin de mandat présidentiel en Afrique – ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis d’Amérique.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à récapituler le contenu de cet article de rfi.fr dans lequel le journaliste a précisé que chaque fin de mandat, pour les chefs d’Etat américains, est particulière.

Bien qu’ils deviennent politiquement impuissants pendant qu’ils abordent la dernière année de leur mandat, les présidents américains essaient tant bien que mal de rester sous les projecteurs avec un ultime objectif : quitter la Maison Blanche avec une majorité d’opinions favorables dans la poche. Ce qui explique les nombreux déplacements que Barack Obama effectue ces derniers temps partout dans le monde.

De l’Amérique latine à Asie sans oublier l’Europe, le premier président noir des États-Unis – dont le mandat s’achève dans huit mois- se lance en effet dans un marathon politique en visitant des lieux hautement symboliques, par exemple la ville d’Hiroshima au Japon où il s’est rendu le vendredi dernier. « Question de soigner ses symboles et de créer de fortes images qui vont l’ancrer encore un peu plus dans l’Histoire, au-delà de son bilan politique », commente un spécialiste cité dans l’article.

Quid des présidents africains ?

Pour un africain, comme moi, qui a vécu des crises pré-ou-post-électorales dans son pays, cette question ne mérite pas d’être posée. Nous savons tous que, contrairement à leurs homologues américains, les dirigeants africains travaillent intensément pendant la fin de leur présidence non pas à d’astiquer leur image afin de marquer l’Histoire mais plutôt à… rester éternellement au pouvoir.

Oui, s’accrocher au fauteuil présidentiel le plus longtemps possible est sans doute le rêve de nombreux chefs d’Etat en Afrique.

Comme en témoigne une enquête, les trois présidents en exercice dans le monde depuis plus d’une trentaine d’années sont tous africains. Ce qui me pousse à dire que, pendant qu’aux Etats-Unis un président sortant est obnubilé par l’envie de booster sa cote de popularité (à travers des actions significatives au moment où il s’apprête à  passer le flambeau à son successeur), en Afrique un président dans la dernière ligne droite de son mandat passe des nuits blanches à réfléchir sur les moyens auxquels il va recourir afin de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible, au-delà de la limite accordée par la constitution.

Et pour cela, peu importe si le pays va s’embraser. L’essentiel est qu’il prolonge son règne pour battre le record de Mobutu Sese Seko et de Robert Mugabe. Coup de chapeau à ces derniers, d’ailleurs !

Même si l’ex-président béninois, Thomas Boni Yayi, a joué le bon élève en étant l’un des rares présidents africains à avoir volontairement quitté le pouvoir au terme de son dernier mandat, ce bel exemple de démocratie qu’il a légué à ses pairs semble demeurer une page d’Histoire tournée. Le débat sur la clause limitative du nombre de mandats présidentiels continue en effet à faire la Une de l’actualité africaine. Mouais, comme d’habitude !

En République démocratique du Congo, pour ne citer qu’un exemple, la scène politique est en ébullition après l’arrêt de la cour constitutionnelle qui autorise Joseph Kabila (au pouvoir depuis 2001) à rester aux commandes de son pays au-delà de son second et dernier mandat qui s’achèvera en décembre 2016.

L’opposition politique, offusquée par cette décision, dénonce l’instrumentalisation des institutions par le pouvoir en place. Elle monte au créneau en bravant de sanglantes répressions pour barrer la route au prolongement du règne de Joseph Kabila au nom de l’article 70 de la Constitution en vigueur qui stipule que : « le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ».

La liste est si longue… s’il fallait parler de tous les chefs d’Etat africains qui optent [ou opteront probablement] pour la modification de la Constitution en vue de briguer de nouveaux mandats, on en finirait pas !

Oui, se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible reste le seul objectif que poursuivent de nombreux présidents africains pendant leur dernière année de mandat. Pour y arriver, ils manipulent la Constitution.

Et la révolution semble être le seul moyen efficace de se débarrasser d’eux !


Ces mouvements religieux qui fascinent en RDC

Dans un pays comme la RDC, où la liberté de culte est garantie par la constitution, il n’est pas étonnant d’y voir la diversité des religions. Mais ce qui reste du moins stupéfiant, c’est de constater la montée en puissance de certaines tendances religieuses qui menacent la survie, entre autres, du catholicisme, décrit comme la première religion en RDC. En dehors de nombreux fidèles qu’elles ont déjà piqués à l’église catholique, ces tendances religieuses exercent également une énorme influence sur la société congolaise. D’où la motivation d’enquêter sur les particularités qui font de chacun de ces mouvements religieux unique en son genre. Oui, la curiosité est un vilain défaut, évidemment. Mais quand un fait devient saillant, ça vaut la peine de chercher à y voir plus clair.

  • Église de Réveil
Les fidèles dans une église de réveil à Kinshasa
Les fidèles dans une église de réveil à Kinshasa

Au grand Congo, les ‘églises de réveil’, issues du mouvement pentecôtiste, se multiplient jour après jour.

Beaucoup plus dans des coins où l’extrême pauvreté bat son plein, les ‘églises de réveil’ poussent leur avancée et gagnent du terrain face aux concurrents grâce à leurs enseignements basés sur la bénédiction divine qui se traduirait par l’abondance des biens matériels.

Ces ‘églises de réveil’, avec à leur tête des leaders religieux appelés simplement ‘pasteurs’, élargissent leur champ d’action par le biais de nombreuses activités religieuses telles que les campagnes des prières et les séminaires évangéliques qu’elles organisent.

Elles s’approprient également les chaines de télévision, à travers lesquelles elles diffusent des enseignements bibliques et des ‘accomplissements des miracles’, dans le but d’attirer de plus en plus d’adeptes.

La plupart des pasteurs des ‘églises de réveil’ s’autoproclament ‘apôtres ou prophètes’ de Jésus Christ. Certains déclarent être « des envoyés spéciaux de Dieu » avec comme mission de débarrasser les ouailles de tous les maux, notamment de la misère, qu’ils considèrent comme l’un des symptômes de possession ou d’infestation démoniaque.

Séduits par les « miracles » et les enseignements qui promettent la fortune (de la part de Dieu) en contrepartie d’offrandes que les pasteurs leur exigent, nombreux sont ceux qui désertent leurs religions d’enfance [catholicisme, islam, etc] et s’entassent dans ces ‘églises de réveil’ en espérant vaincre la spirale de la crise. D’où le fait que ces ‘églises de réveil’ ne cessent de proliférer en RDC.

  • Kimbanguisme
Les adeptes de l'église kimbanguiste lors d'un pèlerinage à Nkamba
Les adeptes de l’église kimbanguiste lors d’un pèlerinage à Nkamba

Bien qu’ils aient certains points communs du fait qu’ils prêchent tous la Bible et reconnaissent la divinité de Jésus Christ, le Kimbanguisme a tout de même des particularités qui brouillent la similitude avec les ‘églises de réveil’.

Le Kimbanguisme est une religion syncrétique qui fusionne les enseignements du christianisme avec certaines croyances traditionnelles.

Contrairement aux ‘églises de réveil’, qui croient de façon directe à la souveraineté de Jésus Christ, le Kimbanguisme se présente comme étant la religion de Jésus Christ sur terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu (qui en serait le fondateur, selon leur histoire officielle).

Même si le Kimbanguisme enseigne également l’évangile du Christ, il s’attache néanmoins beaucoup plus à la sainteté de Simon Kimbangu et le proclame comme le seul prophète envoyé par Jésus Christ sur terre.

Il prêche l’amour du prochain, l’amour du travail, l’obéissance aux lois divines et, tout comme les pasteurs des ‘églises de réveil’, les chefs religieux kimbanguistes aussi déclarent avoir le monopole des guérisons miraculeuses. Pour y arriver, en sus des prières, ils utilisent l’eau et l’argile venues de Nkamba, une localité à l’ouest de la RDC décrite comme la « ville sainte » vu que c’est le lieu où Simon Kimbangu est né.

  • VU.VA.MU         
Tata Nkusu, un chef religieux de VUVAMU
Tata Nkusu Kiambu, un chef religieux de VUVAMU

Si le Kimbanguisme se réfère à la Bible et croit en Jésus Christ par l’intermédiaire de Simon Kimbangu, eh bien dans VU.VA.MU ou « église des noirs » comme certains l’appellent, on reconnait la divinité de Simon Kimbangu, certes, mais la Bible et Jésus Christ y sont les sujets de moquerie.

Comme son nom l’indique, VU.VA.MU, acronyme de « Vutuka Vana Mpambu Uvidila » une phrase en Kikongo qui peut se traduire en français par : « retournons là où nous nous sommes perdus », est une religion négro-africaine qui prône le retour à l’authenticité de la race noire. Car selon elle, les Noirs se seraient perdus à cause de l’adoption des cultures colonialistes.

Le VU.VA.MU enseigne que chacune des races possède son propre dieu, ses premiers ancêtres, sa terre, sa langue et sa culture auxquels elle doit s’attacher fortement. Mais que la race noire aurait perdu les siens à cause de la colonisation qui a apporté ses religions, entre autres, le christianisme. « Raison pour laquelle la race noire est aujourd’hui au bas de l’échiquier mondial », commente Kimpo, un fervent croyant dans VU.VA.MU

Le VU.VA.MU considère Jésus Christ comme un « dieu des Blancs ». Il manifeste un mépris absolu envers la Bible.

Il vénère « M’fumu Kimbangu» (seigneur Kimbangu) qu’il considère comme sauveur et libérateur de la race noire.

Bien que les deux religions croient en Simon Kimbangu, VU.VA.MU fustige le Kimbanguisme en le soupçonnant d’être la nouvelle forme du christianisme.

Voilà juste une poignée de religions qui fascinent en RDC et qui prouvent bien que la plupart des congolais attachent une énorme importance à l’existence d’un être suprême.

Mais malgré cette pluralité des religions, la cohabitation entre Congolais demeure pacifique. Car la tolérance occupe une grande place au détriment de l’intolérance dans la société congolaise.


Ces fonctionnaires congolais qui souffrent du « SIDA »

des fonctionnaires
Rassemblement des fonctionnaires à la place Golgota à Kinshasa- Gombe.
Photo: John Bompengo/Radio Okapi

Contrairement à ce que vous aurez pensé, il ne s’agit pas du VIH/SIDA, dont les fonctionnaires congolais sont victimes. Il est plutôt question d’un phénomène qui bat son plein dans les familles de nombreux agents de l’administration publique. Baptisé « SIDA » : acronyme qui signifie littéralement « Salaire Infime Difficilement Acquis », ce phénomène est un fléau qui ravage. Et Il a déjà fait plusieurs victimes.

Les foyers se brisent, les suicides s’enchaînent les uns après les autres, etc. Telles sont les conséquences qu’engendre ce phénomène baptisé « SIDA » qui secoue nombreuses familles des fonctionnaires congolais.

La cause : c’est la difficile acquisition du salaire mérité qui incite nombreux agents congolais parfois à se suicider pour abréger leurs souffrances.

En effet, la vie d’un fonctionnaire en République démocratique du Congo est très difficile.

Avec un salaire infime (ou insuffisant, comme l’estiment d’autres) difficilement acquis, d’où l’acronyme « SIDA », un fonctionnaire congolais n’arrive pas à subvenir aux besoins matériels de sa famille. Alors qu’un bon père doit procurer à sa femme et à ses enfants toutes les nécessités de la vie.

Mais suite aux arriérés salariaux qu’ils connaissent, répondre à tous les besoins de sa famille, pour un fonctionnaire congolais, devient une tâche épineuse.

« De ce fait, nombreuses personnes concernées souffrent de sérieux soucis financiers et n’ont qu’une seule issue à ce calvaire : se donner la mort », m’explique Patient Okenge. Ce dernier aussi est un agent de l’Etat. Père de famille, il travaille à la société commerciale des transports et des ports. Il est lui-même témoin de nombreux cas de suicide de ses collègues désespérés. Et il m’explique pourquoi lui, jusque là, il tient le coup :

« J’ai plutôt une technique qui me permet de ne pas sombrer dans l’alcool ou dans le suicide comme c’est le cas pour la plupart de mes pairs », se confit-il à moi avec un ton serein. « Et en plus, je suis de confession chrétienne, la bible condamne le suicide, c’est un péché » ajoute-t-il en souriant.

« Nous arrivons même jusqu’à six mois sans être payés, poursuit-il, et pendant cette période, j’emprunte l’argent aux gens de bonnes volontés, pour subvenir aux besoins de ma famille, en envisageant la restitution une fois que j’aurai mon salaire. Mais avec cet argent emprunté, je priorise en premier lieu, la scolarisation de mes enfants, le loyer et un budget pour  nourrir ma famille. Mais malgré tout, cet argent a toujours été insuffisant pour répondre positivement à tous les besoins nécessaires de ma famille », conclut-il avec un air quasi triste.

Mais à qui la faute alors ? « La faute revient sans doutes aux autorités politiques qui gèrent incorrectement le pays, déclare mon interlocuteur avant de poursuivre : elles gouvernent au détriment de la population congolaise, car si elles étaient de bonne foi, elles auraient déjà fait diligence pour régler cette affaire »

A travers ses déclarations, Patient ne s’était pas retenu de manifester son hostilité envers les gouvernants qui, selon lui, seraient à la base de sa dure vie.

Mais même s’ils souffrent ensemble d’un même problème, les fonctionnaires ne voient pas tous la cause de leur galère sous un même angle. Il fallait avoir l’avis d’Albert Massamba pour en déduire qu’entre eux [les fonctionnaires] les avis ne sont pas homogènes. Ce dernier est aussi agent de l’administration publique. Il travaille à la société nationale d’électricité. A l’instar de ses homologues, il est également victime de ce fameux phénomène « SIDA ». Mais, en opposition à Patient Okenge qui condamnait le gouvernement, Albert Massamba pointe plutôt du doigt ceux qui sont aux commandes des entreprises publiques.

« Les entreprises possèdent suffisamment de liquidités pour mieux payer les travailleurs mais les supérieurs les bloquent. Ils empochent et deviennent de plus en plus riches en clochardisant les subalternes », commente-t-il.

Jusque là les avis divergent quant à ce qui est à la base de mauvaises conditions de vie des agents de l’Etat.

Mais bien qu’aucune solution ne pointe encore à l’horizon, certains fonctionnaires restent quand-même optimistes. Ils endurent et continuent à espérer qu’un jour tout va changer.


Tremblez ! Mobutu Sese Seko réapparait

Mobutu Sese Seko

Il ne s’agit pas du président Joseph Kabila qui est souvent assimilé au feu Mobutu Sese Seko par certaines personnes suite aux abus et dérives qui jalonnent son pouvoir. Il est plutôt question du vrai Mobutu, l’ancien dictateur de l’ex-Zaïre, que je viens de rencontrer récemment sur Twitter. Avec des crises de nerf et un brin de drôlerie dans ses gazouillis, Mobutu nous résume en 140 caractères ses avis sur l’actuel Congo qu’il avait lui-même dirigé d’une main de fer pendant 32 ans.     

Comme l’ère du numérique oblige, Mobutu Sese Seko a également rejoint le réseau Twitter à l’instar de nombreuses personnalités de la présente époque. Mais à la seule différence des autres : le feu « roi du Zaïre » nous tweete depuis sa tombe à Rabat, comme il l’a fièrement mentionné dans le profil de son compte Twitter.   LapinouAInutile de fouiner dans les archives pour avoir la réponse. Mobutu a pris soin d’arranger son profil  Twitter en fournissant toutes les informations nécessaires pour que personne ne se pose mille et une questions dès qu’il y atterrit.   Ainsi, il suffit de lire son tweet épinglé pour comprendre ce qui l’a poussé à rejoindre Twitter. 

En effet, le maréchal n’a pas tort. Depuis sa honteuse fuite en mai 1997 lors de l’avancée de l’AFDL, un groupe d’insurgés conduit par Laurent Désiré Kabila qui sera plus tard son successeur, Mobutu n’a plus jamais prononcé un mot sur son grand Congo qu’on lui avait violement arraché.

Et il faut bien le souligner qu’à l’époque, Twitter et Facebook n’existaient pas encore. Sinon rien ne l’aurait empêché de faire comme Nicolas Sarkozy et autres qui, malgré déchus, continuent à influer sur l’opinion publique à travers les réseaux sociaux.

C’est donc dans ce contexte que Mobutu Sese Seko, bien qu’il mange déjà des pissenlits par la racine, profite de ces outils de communication pour, enfin, parler de son pays à partir de l’au-delà.

LapinouBEn lisant la biographie sur son profil, vous allez directement comprendre de quoi Mobutu parle dans ses « tweets posthumes ».

L’entendre dire que « se faire chasser du pouvoir devient cool quand le successeur enfonce encore le pays dans la merde », rien ne sème le doute que Mobutu a rejoint Twitter avec fureur pour décrier ses successeurs qui, prétendant l’avoir chassé pour rendre le Congo plus beau qu’avant, ont par contre immergé encore le pays dans une profonde misère.

Et je vous rassure qu’il y a des twittos qui lui donnent raison en soutenant son avis selon lequel le pays était mieux sous son règne que maintenant. Ce qui le pousse à tweeter encore et encore pour tenter de regagner la confiance de son peuple même si son retour au pouvoir demeure une utopie.

Par ailleurs, il m’avait fallu parcourir son journal (avec 85 tweets à son compteur) pour découvrir d’autres secrets que Mobutu à déballés au grand public grâce aux internautes qui n’arrêtent pas de lui poser des questions sous peine de ses coups de gueule, évidemment.

Profil du compte Twitter fictif de Mobutu Sese Seko
Profil du compte Twitter fictif de Mobutu Sese Seko

Le plus choquant pour moi c’est sa réaction à propos de la mort de Patrice Lumumba.

Longtemps accusé de l’avoir trahi en le livrant aux assassins, Mobutu brise le silence en déclarant ouvertement à travers un tweet : « Lumumba’s death is in the hands of belgian, not in my ass » ce qui peut se traduire en français : « la mort de Lumumba est entre les mains des belges, pas dans mon cul ».

He oui, Mobutu dans un accès de frénésie ? Evidemment, c’était dans ses habitudes. Mais le voir parler avec une telle dose de vulgarité, ça me parait complètement nouveau. Du coup, j’en étais resté tout ébahi pendant une dizaine de secondes avant de me dilater la rate.

Comme quoi, les gens qui créent et animent les comptes twitter des personnalités disparues pour divertir, ils savent mettre toutes les idées en pratique pour déclencher les fou-rires.

Oui ! Je n’avais pas pu arrêter mon envie de rire quand je lisais les tweets de l’ancien dictateur du zaïre.

Et rassurez-vous que ce compte fictif de Mobutu Sese Seko connait un succès dans la twittosphère congolaise. Il compte déjà une centaine d’abonnés en quelques mois de sa création.

Alors qu’en dites-vous, chers voisins ? Aimeriez-vous passer un moment de divertissement sain entre l’histoire et les éclats de rire ? Abonnez-vous vite à ce compte désopilant !


Blogueur du « Tiers-Monde » : entre la migraine et l’envie d’écrire

Ceux qui le vivent ou l’ont déjà vécu connaissent très bien le supplice qu’on endure quand on est blogueur résidant dans un pays du « Tiers-Monde ». Le quotidien devient stressant. Surtout quand on brûle d’envie de donner le meilleur de soi-même mais que les conditions de vie en empêchent. De ce fait, on reste partagé entre l’envie d’écrire et le cumul de migraines qui se déclenchent à chaque frustration subie.

Je me rappelle encore ce soir… oui, ce soir où j’avais reçu le courriel de l’équipe de Mondoblog qui m’annonçait l’heureuse nouvelle de ma sélection pour la saison 5 de son concours. J’étais tellement fier de moi que j’avais jubilé pendant une bonne dizaine de minutes avant que… le froid s’installe.

Lapinou1Eh bien, non ! J’avais froid dans le dos, non pas à l’idée de ne pas pouvoir être à la hauteur mais plutôt, parce qu’en marge de la joie qui me comblait, j’étais aussi submergé d’inquiétudes. Je m’explique : donc pendant ce moment où je célébrais ma sélection dans Mondoblog, j’avoue que je ne réalisais vraiment pas les difficultés auxquelles je serai confronté pour remplir cette tâche qui m’est confiée, celle de poster régulièrement des billets dans mon espace afin de contribuer à l’émergence d’une blogosphère francophone internationale et dynamique.

Se réjouir de faire partie de la grande famille Mondoblog, ça valait la peine, bien sûr. Mais c’est quand mon esprit s’était détaché de moi pour me poser la question de savoir si j’avais assez de moyens  qui me permettront de mieux bloguer, que je m’étais tu immédiatement, laissant place aux cris des inquiétudes qui n’avaient pas tardé de m’envahir depuis ce soir là et qui persistent toujours jusqu’au moment où j’écris ces lignes.

Lapinou2Si ! J’ai des outils. J’ai la chance d’avoir un ordinateur personnel. Enfin, un vieil ordinateur âgé de cinq ans déjà. Même si sa batterie a déjà rendu l’âme, côté fonctionnement et état de mémoire c’est encore vivant. Donc, clairement, le plus gros problème ce n’est pas au niveau du matériel mais plutôt au niveau de l’environnement.

Tout comme dans la plupart des métropoles des pays en carence de développement, dans ma ville aussi, chaque jour, nous passons les trois-quarts de nos journées sans électricité. Et cela ne facilite pas la tâche à un blogueur, comme moi, qui a toujours quelque chose à écrire. D’autant que mon ordinateur n’a plus jamais eu de batterie, rappelez-vous. Donc, pour en faire usage, il faut insérer son cordon d’alimentation dans l’adaptateur ensuite brancher celui-ci sur une prise de courant. Même quand l’électricité est rétablie après une longue coupure, rien ne rassure le bon déroulement du travail car elle peut être recoupée à tout moment. Et si jamais cela arrive, vous savez ce qui se passe : mon laptop s’éteint directement, comme une télé, sans avertir. Ce qui provoque la perte de toutes les données non enregistrées. Bref, comprenez que la rédaction de mes billets, comme celui-ci que vous lisez, repose sur les caprices du courant électrique dans mon pays : source de migraine pour un blogueur qui a un tas de choses à raconter.

Loin de ce que l’on aura, peut-être, pensé, l’instabilité du courant électrique n’est pas l’unique cause qui déclenche la migraine chez un blogueur du « Tiers-Monde » comme moi. A cela, il faut ajouter, le difficile accès à internet qui est, évidemment, une autre source des soucis infestant un blogueur de P.M.A

En effet, dans beaucoup de pays qui représentent les niveaux les plus faibles de développement économique, l’internet reste encore un luxe dont la classe moyenne, au minimum, est susceptible de payer l’abonnement. Ainsi, les gens avec de maigres revenus en sont exclus. Voilà un handicap pour un blogueur ne faisant pas partie de la haute société.

Lapinou4A l’instar de ceux qui ne peuvent payer l’abonnement internet, je profite des offres spéciales qui découlent de la rude concurrence entre opérateurs. La plus utilisée c’est le « forfait-nuit ». Elle permet aux gens avec de faibles revenus d’acheter à moindre coût une importante quantité de forfait internet mais qui sera uniquement valide de minuit à 6 heures du matin. Voilà un véritable trésor pour un blogueur tiers-mondiste qui, malheureusement, doit troquer ses heures de sommeil contre cette offre spéciale pour pouvoir poster ses articles dans son espace web.

Hormis cela, il existe aussi des cybercafés dans ma ville qui aménagent des ordinateurs connectés pour que les gens, n’ayant pas assez de moyens de payer l’abonnement internet, puissent y avoir accès au grand réseau en échange de quelques sous seulement. Sauf que cette dernière méthode reste encore la moins appréciée pour un blogueur qui se respecte, c’est-à-dire, celui qui prend le temps nécessaire d’écrire, d’insérer des liens hypertextes, de lire et relire son texte avant publication afin de présenter à son lectorat un article de qualité.

Lapinou3En fait, ça dépend de la somme qu’on a prévue de débourser pour avoir accès à internet. Car dans les cybercafés de ma ville, la facture est calculée en fonction du temps passé devant un poste connecté. Plus vous y restez longtemps, plus l’addition à payer s’allonge. Cela est un désavantage pour un blogueur qui, au lieu de prendre le temps de bien passer au crible son texte pour éradiquer entre autres les erreurs de frappe, aura plutôt tendance à travailler à la va-vite dans le but d’échapper à une facture salée.

Voilà que la vie d’un blogueur de P.M.A n’est pas facile. Mais parce que l’on a juré fidélité à vous, chers voisins, ça ne vaut pas la peine de renoncer à cette belle aventure… même si j’ai déjà la migraine en ce moment même vu que je ne sais pas encore comment je ferai pour poster ce présent billet dans mon blog.


Quand la dispute engendre une bonne amitié

Tom et Jerry
Tom et Jerry
@dogoilpress

Jamais je n’aurais cru que l’on pouvait devenir de bons amis.

 Vu notre première rencontre sur twitter qui était émaillée d’une extrême dispute, tisser, par la suite, des liens d’amitié avec Josèphe Lordure, l’homme à l’insulte facile, était quelque chose d’inimaginable. Pourtant c’est ce qui s’est passé. Etonnant mais vrai !

Très connu dans la twittosphère congolaise à cause de son caractère grossier et ses insultes à l’effet de l’alcool à 90° dans la plaie, Josèphe Lordure est un twitto à l’identité inconnue qui passe son temps, non seulement à décrier la classe gouvernante congolaise, mais aussi à offenser quiconque s’opposant à son point de vue. Il n’a jamais eu peur. Il parle de tout et insulte n’importe quel individu qu’il croise sur son fil d’actualité. Il n’oublie jamais d’assaisonner ses propos de quelques gros mots. Et quand il te balance une vanne, tu as l’impression d’avoir découvert le coté misérable de ta personnalité. Nombreux dans mon entourage ont, déjà, été victimes de ses coups de gueule. Et je ne pensais jamais pouvoir tomber, moi aussi, un jour dans son filet. Malheureusement c’est ce qui est arrivé. Voulez-vous savoir comment ? Alors suivez l’histoire !

 Habitué à recevoir les réactions de mes abonnés quand ils débattent sur une information que j’ai tweetée, ce jour là je reçois, plutôt, des messages haineux dans lesquels on me traite d’imposteur, de journaleux…

 Choqué par ces propos truffés d’outrages, je décide de vérifier le profil de l’expéditeur, question de savoir un peu plus sur cette personne qui m’agresse verbalement. Mais je ne vois aucune information hormis les noms du profil et son avatar à la tête de mort en colère. « Bah, ça doit surement être un spammeur », me suis-je dit intérieurement tout en continuant mon activité.

 Après quelques minutes, l’inconnu me renvoie encore d’autres messages plus virulents cette fois. « Tiens ! Ça sent la provoc, on dirait », lui écris-je avec un air décontracté. « Ouais, tu l’as bien compris, connard », me répond-t-il aussitôt.

 « Mais pourquoi ne pas directement cracher sur cet insolent et le remettre à sa place ? Après tout, j’ai aussi une gueule, pas vrai ? Non ! Pas si vite », me suis-je dit. Contrairement à lui, je suis journaliste, moi. L’article 5 du Code de déontologie et d’éthique du journaliste congolais défend d’insulter. Soucieux, donc, de me conformer à cette règle, je décide de lui parler, malgré tout, avec beaucoup de sympathies pour ne pas céder à ses provocations. Mais… hélas ! Il lui suffisait juste de me relancer encore deux bonnes insultes vulgaires pour, enfin, me mettre les nerfs en pelote. J’ai fini par éclater. « Ça y est ! » m’écrit-il. Ses offenses ont fait mouche. Et il est content d’avoir réussi à m’irriter. Nous nous sommes, alors, livrés dans une empoignade musclée.

 Oui ! Il était urgent que je réagisse au plus vite. Essuyer des injures et médisances d’une telle gravité ne méritait pas que je me taise. ‘Qui ne dit mot consent’ dit-on, n’est-ce pas ? Erreur ! Je ne devrais pas.

 En effet, ça ne valait pas la peine de s’aboyer avec @tresinsolent (pseudo twitter de ce fameux Joseph Lordure). Il me fallait juste deviner ce qu’il pensait de moi pour échapper à ses provocations.

 Etant hostile au présent gouvernement congolais, Lordure pensait à tort que j’étais l’un de ces journalistes qui transforment leurs plumes en outil de propagande pour soutenir le pouvoir en place. Visiblement, il ne faisait pas confiance aux acteurs de médias. J’ai, par conséquent, pris soin de l’aider à appréhender la différence entre journalisme et fanatisme. Bien que, parfois, les deux mots riment dans certains organes de presse congolais. Notamment dans la chaine nationale où les journalistes, au lieu d’informer le public de façon objective, font l’apologie du Président de la République.

 Certes, avoir une dispute avec une personne c’est l’une des dures épreuves de la vie. Mais nul ne pouvait croire que la mienne avec Josèphe Lordure aurait pu déboucher sur une bonne amitié. Oui ! C’est ce qui s’est passé. Quand il a été persuadé que je ne soutenais aucun mouvement politique, Josèphe est devenu mon ami. Et aujourd’hui, je suis l’une des rares personnes qu’il respecte. Je suis « sa vraie source d’information » comme il le dit. Et maintenant je peux le dire haut et fort que… parfois, le malheur fait bien les choses !